Cette série d’articles publiée initialement dans le bulletin de l’Association Akali présente différents regards sur le rôle de l’astrologue dans la pratique de l’astrologie.
Selon Stephen Arroyo
Dans L’astrologie, la psychologie et les quatre éléments, Stephen Arroyo consacre deux chapitres à la psychologie humaniste, à l’astrologie humaniste et son utilisation dans les arts de conseil.
Stephen Arroyo est largement inspiré par Dane Rudhyar et par les psychologues humanistes tels que Carl Rogers ou James Bugental. Il rappelle que la psychologie humaniste se veut holiste et subjective, elle se base sur la confiance dans la globalité de la personne et dans son potentiel de croissance. Elle vise l’actualisation de soi et la libre expression de l’individualité plutôt que la réparation de supposées anomalies de comportement ou difficultés d’insertion sociale.
Ainsi, son approche de l’astrologie est centrée sur la personne plutôt que sur l’événement, il parle d’une astrologie qui traite de la forme et de la structure et cite Rudhyar p.96 : « La signification passe à travers un certain nombre de phases qui, liées les unes aux autres deviennent le cadre de référence pour tous les événements de la vie ».
Pour Arroyo, le conseiller astrologique possède un langage qui décrit avec précision la combinaison unique des facteurs universels opérant chez l’homme. Pour lui l’art du conseil est un échange entre deux personnes et cet art ne s’enseigne pas.
« C’est par l’expérience que le conseiller apprend à utiliser l’astrologie de manière unique en fonction de la personne qui vient le voir. »
C’est par l’expérience que le conseiller apprend à utiliser l’astrologie de manière unique en fonction de la personne qui vient le voir. Dans l’astrologue, il voit un être humain avec ses limites, et son ego qui peut le mener à devenir gourou ou diseur de bonne aventure. Il insiste sur la nécessité pour l’astrologue de ne jamais compromettre son honnêteté intellectuelle ni sous-estimer sa responsabilité. En plus d’avoir une éthique, l’astrologue doit pouvoir expliquer avec clarté sa propre philosophie, et savoir diriger le client vers d’autres conseillers quand c’est nécessaire. Il n’y a ni bon ni mauvais astrologue : ce que certains ne comprennent pas est le point fort des autres.
Pour Arroyo l’astrologie contribue largement aux arts du conseil, d’abord en favorisant le détachement vis-à-vis des schémas de comportements que l’on peut voir inscrits dans le thème. L’astrologie mesure les cycles de la vie en temps et aide à développer la patience. Elle élargit le cadre de référence habituel de l’ego vivant un psychodrame continuel sur la grande scène qu’est le monde. Elle aide à se poser les questions essentielles de la vie : qui est l’acteur dans ce drame, qui est le metteur en scène et qui est l’auteur ? L’astrologie en tant qu’art de conseil aide le client à s’ajuster à la vérité de sa nature (son dharma) plutôt que de se conformer à des concepts, des croyances ou des théories qui lui dicteraient une conduite idéale.
Résumé de L’astrologie, la psychologie et les quatre éléments, Stephen Arroyo, Editions du Rocher, chapitres 6 et 7, pages 89-108. Article publié initialement dans le bulletin n°7 de l’association Akali, été 2010.
Selon Dane Rudhyar
Rudhyar consacre un chapitre entier au rôle de l’astrologue dans Astrologie et psyché moderne.
Il aborde précisément la notion de conseil et s’interroge sur le besoin qu’ont les gens fatigués et confus de voir des conseillers. Ce qui semble les attirer, c’est d’abord le besoin d’avoir une technique, une méthode, de savoir « comment faire pour ». C’est eux-mêmes qu’ils cherchent au-delà de la technique. C’est alors que Rudhyar souligne qu’il est bon pour le conseiller de suivre un certain nombre de règles afin que le travail de conseil permette à la personne de se sentir mieux après, et d’être capable de se prendre en mains.
L’astrologue doit apporter des infos qui aident le consultant et il doit redonner confiance au consultant. L’astrologue ne sera jamais celui qui agit. L’astrologue effectue un véritable travail éducatif. Il doit pouvoir porter un regard objectif sur la vie du consultant, apporter une compréhension du passé afin de libérer chez le consultant une disponibilité pour actualiser ses potentialités dans le présent et en vue du futur. Cette vision globale posée sur la vie du consultant devrait lui permettre de mieux accepter l’idée d’avoir à se transformer lui-même s’il veut transformer sa vie.
L’astrologue ne prédit pas d’événements, il peut seulement décrire le cadre, la structure, le rythme de la vie du consultant. Il ne peut pas savoir quels événements se produiront à l’intérieur de ce cadre.
L’astrologue doit pouvoir dire ce qui dans cette structure « peut » être actualisé. « Comment puis-je devenir ce que je suis fondamentalement en tant qu’ensemble organique vivant ? » (p 237).
Pour répondre à cette question l’astrologue décrit les différents cycles planétaires et leurs interrelations, il explique les rythmes au consultant qui bien souvent attend un résultat rapide. L’astrologie n’apporte pas de solutions miraculeuses ou magiques.
« Comment puis-je devenir ce que je suis fondamentalement en tant qu’ensemble organique vivant ? »
C’est un langage symbolique dont le consultant n’a pas le code. L’astrologue devra donc traduire les symboles en termes ordinaires et « résonner en sympathie » avec le client. Ainsi il communique avec le client au-delà des mots, à travers la « vibration de son attitude et ce qu’il porte en lui ».
Enfin, l’astrologue doit avoir une bonne notion du timing, savoir gérer le temps de la consultation, attendre le moment pour dire certaines choses.
Le consultant vient par curiosité, mais surtout pour demander de l’aide. L’astrologue est donc un véritable conseiller qui sait s’adresser à la personne unique qui vient le voir.
Résumé de Astrologie et psyché moderne, Dane Rudhyar, Editions Médicis, chapitre XX : le rôle de l’astrologue dans la consultation, pages 233-243. Article publié initialement dans le bulletin n°6 de l’association Akali, printemps 2010.
Selon Alexander Ruperti
Alex Ruperti conclut Les cycles du devenir par un plaidoyer en faveur de l’engagement humaniste. C’est avant tout dit-il, « l’engagement de devenir aussi pleinement que possible ce que l’on est potentiellement ». Chacun de nous possède une facette de la vérité et il doit trouver sa propre voie pour l’exprimer. L’individuation suppose que l’on s’extraie de la matrice psychique familiale, culturelle et sociale et qu’on découvre nos propres pensées, émotions et sentiments. Ruperti souligne que l’astrologie humaniste est avant tout une expérience PERSONNELLE, et tout étudiant en astrologie humaniste doit d’abord appliquer ses principes à son propre thème. On étudiera les transits et progressions non pas en fonction des événements vécus, mais en fonction de la possibilité de croissance en maturité personnelle qu’ils présentent.
L’astrologie centrée sur la personne aide à atteindre la maturité en encourageant à porter un regard objectif sur les facettes de la personnalité, sans rébellion ni fuite. Finis les caprices d’enfants gâtés, la peur ou l’insécurité, la victimisation ! Selon Ruperti : « l’astrologue doit réaliser que le problème de base pour la plupart des gens réside dans le fait qu’ils ne savent jamais ce qu’ils devraient faire », et ce à cause de l’immense confusion du monde et du manque de principes moraux ou spirituels valables.
« La tâche globale de toute vie est la réalisation de la pleine maturité personnelle »
Si la tâche globale de toute vie est la réalisation de la pleine maturité personnelle, l’astrologue humaniste est capable de préciser la direction dans laquelle un individu est censé travailler à n’importe quel moment de sa vie. Il ne doit cependant pas choisir à la place du consultant quelle possibilité doit devenir un fait réel. L’astrologue devrait savoir que les crises ne sont pas causées par tel ou tel transit. Les crises de croissance sont nécessaires au développement de la personnalité et l’astrologue peut aider le consultant à découvrir leur signification.
L’astrologue devrait donc ne jamais poser de jugement de valeur « bon » ou « mauvais » sur les événements, et il devrait faire réaliser aux gens que les facteurs astrologiques correspondent à des phases de croissance de la personnalité, et non pas à des forces imposées du dehors.
L’astrologue a une responsabilité personnelle envers le consultant, il ne devrait jamais donner une information sans se demander ce que le consultant en fera. L’astrologue ne doit pas cristalliser le futur en « positif » ou « négatif ». Il précise la nature des défis et aide le consultant à réaliser que son but de vie est d’utiliser ses pouvoirs de manière consciente.
Résumé de Les cycles du devenir, Alexander Ruperti, Ed. du Rocher, p. 397-405. Article publié initialement dans le bulletin n°8 de l’association Akali, automne 2010.
Selon Christian Drouaillet
Christian Drouaillet consacre un chapitre entier de son livre L’astrologie de la guérison à la dynamique de la consultation. Il y évoque les motivations de l’astrologue et du consultant, l’éthique et l’importance de la relation lors d’une consultation.
D’après C. Drouaillet la principale motivation qui pousse à consulter un astrologue est le besoin d’ordre, c’est-à-dire pouvoir se référer à un ordre céleste pour comprendre l’apparent chaos extérieur de sa vie ET rétablir un ordre intérieur. L’approche thérapeutique de l’astrologie doit se faire dans un cadre précis et obéir à une éthique. L’astrologue respecte la confidentialité, il s’abstient de tout jugement et encourage le consultant à décider par lui-même des affaires qui le concernent. C. Drouaillet résume ainsi l’éthique de la pratique astrologique : « l’astrologue en sait plus que son consultant sur son thème, mais le consultant en sait plus sur sa propre vie que l’astrologue qu’il consulte. » Il ne donne pas de solutions mais propose au consultant de trouver les siennes. L’astrologue informe le consultant de ses propres limites et de sa disponibilité pour répondre aux questions qui se poseraient après l’entretien.
« Le consultant en sait plus sur sa propre vie que l’astrologue qu’il consulte. »
L’astrologue veille à rester clair, précis et efficace dans ses propos, il emploie un langage simple pour traduire les symboles astrologiques et reste centré sur la demande du consultant. L’astrologue tient compte des représentations que le consultant pourrait avoir de l’astrologie et de l’astrologue. L’astrologue conscient de son rôle maternel ou paternel veille à ne pas enfermer le consultant dans les notions de « devoir » ou de « falloir ».
Si le consultant s’attend à être sauvé, l’astrologue rappellera qu’il n’en a pas la capacité.
Si le consultant croit que tout est écrit, l’astrologue l’aide à sortir de ses représentations en expliquant clairement ce qu’est un thème astrologique : « c’est comme une carte symbolique qui indique le chemin, sans obliger à aucune étape mais propose des expériences, des situations propres à permettre le voyage. »
L’astrologie est pour C. Drouaillet en lien avec Neptune, avec la capacité à symboliser. Même si le consultant n’est pas ouvert à cette approche, l’astrologue peut lui permettre d’y accéder, d’ouvrir sa conscience et sortir de la fascination qu’il pourrait entretenir par rapport aux symboles astrologiques. L’astrologue laisse au consultant un espace de parole afin qu’il puisse « se dire » et qu’il entre véritablement en relation avec l’astrologue. Alors seulement la consultation peut commencer. La relation se compose d’éléments conscients et d’éléments inconscients qui continuent à vivre après la consultation, tant chez l’astrologue que chez le consultant.
Résumé de L’astrologie de la guérison, C. Drouaillet, Ed. du Rocher, p. 71-91. Article publié initialement dans le bulletin n°9 de l’association Akali, hiver 2010.
Le rôle de l’astrologue transpersonnel Selon Rudhyar
Dans L’astrologie de la transformation, Dane Rudhyar explique l’astrologie transpersonnelle. Ce n’est pas, dit-il, une approche européenne classique, ce n’est pas une astrologie ésotérique, une astrologie de l’âme ni une astrologie pour les diseurs de bonne aventure. L’astrologie transpersonnelle s’adresse à un nombre toujours croissant de personnes qui aspirent à être transformées de manière radicale. Ils ont souvent vécu des crises difficiles qui n’ont pas été résolues par les approches psychologiques ou psychothérapeutiques axées sur l’épanouissement personnel et l’intégration harmonieuse au sein de la société. L’astrologie transpersonnelle ne règle pas les problèmes personnels, elle permet de réinterpréter l’histoire de vie en intégrant les crises successives dans un schéma de vie global. Elle s’adresse donc à ceux qui ne considèrent pas le développement de l’individualité ou le bonheur personnel comme une fin en soi. Bien qu’elle s’appuie sur la psychologie, l’astrologie transpersonnelle « confère à la relation astrologue-client un caractère sans précédent ».
« L’astrologie transpersonnelle confère à la relation astrologue-client un caractère sans précédent. »
Avant d’interpréter le thème d’une manière transpersonnelle, l’astrologue doit d’abord maîtriser parfaitement le langage astrologique afin d’interpréter le thème dans son ensemble comme un symbole. Pour cela, il s’en tient à l’essentiel, il n’utilise que les planètes principales et emploie des mots simples. Rudhyar compare l’astrologue transpersonnel à un poète, celui qui « inspire et secoue les âmes ». Il rappelle que l’astrologie n’est pas une science ni un art, c’est un moyen de communication. Le bon astrologue est capable de communiquer des significations fondées sur ce qu’il perçoit du thème, des progressions et transits.
La responsabilité de l’astrologue transpersonnel est à la fois « horizontale » et « verticale ». L’horizontale se réfère à la relation astrologue-client. La verticale représente la relation « terre-ciel » ou « vie humaine-vie spirituelle ». L’astrologue accepte de guider le client sur la voie de la transformation et d’être le « porte-parole » des pouvoirs supérieurs qui pressent le client à se transformer. Cependant son but n’est pas de fournir des recettes de « vie spirituelle ».
L’astrologue transpersonnel devrait toujours présenter son approche de l’astrologie et de la vie afin que le client soit préparé et comprenne ce qu’implique le processus de transformation qu’il ressent. L’astrologue essaie d’évaluer la maturité du client en s’appuyant sur son intuition. Conscient de sa responsabilité, il révèle les informations qui pourront être utilisées par le client de manière constructive.
Résumé de L’astrologie de la transformation, Dane Rudhyar, Editions du Rocher, p. 171-185. Article publié initialement dans le bulletin n°10 de l’association Akali, printemps 2011.